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Une grande lamentation monte vers eux dans la demeure et déchire ma poitrine; et, songeant à tant de misères, je gémis sur moi et sur leurs malheurs, et je verse de vraies larmes de mon cœur qui se consume en pleurant ces deux rois.

SECOND DEMI-CHŒUR.

Antistrophe III.

Mais il faut parler de ces frères malheureux et des maux innombrables dont les citoyens ont été accablés par eux, et du carnage de tant de guerriers étrangers.

PREMIER DEMI-CHŒUR.

Entre toutes celles qui ont conçu, malheureuse la mère qui les a enfantés! Elle eut son fils pour époux et elle conçut ceux-ci qui viennent d'expirer, égorgés de leurs mains fraternelles.

SECOND DEMI-CHŒUR.

Strophe IV.

Certes leurs mains fraternelles ont commis ce meurtre horrible! Une discorde furieuse a terminé ainsi leur querelle.

PREMIER DEMI-CHŒUR.

Leurs haines se sont apaisées, leurs vies se sont mêlées sur la terre tachée de leur sang. Certes, ils sont maintenant du même sang! C'est un amer conciliateur, cet étranger d'outre-mer, sorti du feu, le fer aigu! C'est un amer partageur de biens, Arès, qui vient d'accomplir la malédiction paternelle!

SECOND DEMI-CHŒUR.

Antistrophe IV.

Ô malheureux! chacun d'eux a sa part des maux envoyés par Zeus. Ils auront sous leurs corps les vastes domaines de la terre.

PREMIER DEMI-CHŒUR.

Hélas! cette demeure est fleurie d'innombrables douleurs! Les imprécations victorieuses ont poussé leur cri terrible, en chassant toute une race devant elles. Le trophée d'Atè est dressé à la porte où ils sont tombés, et le daimôn, les ayant domptés, se repose!

ANTIGONÈ.

Frappé, tu as frappé!

ISMÈNÈ.

Tu as tué et tu as été tué!

ANTIGONÈ.

Tu as tué par la lance.

ISMÈNÈ.

Tu as été tué par la lance!

ANTIGONÈ.

Malheureux!

ISMÈNÈ.

Malheureux!

ANTIGONÈ.

Allez mes larmes!

ISMÈNÈ.

Allez, mes gémissements!

ANTIGONÈ.

Tu es mort!

ISMÈNÈ.

Après avoir tué!

ANTIGONÈ.

Strophe.

Hélas! mon esprit est égaré de douleur!

ISMÈNÈ.

Mon cœur gémit en moi-même.

ANTIGONÈ.

Hélas, hélas! que tu es à plaindre!

ISMÈNÈ.

Mais toi, malheureux entre tous!

ANTIGONÈ.

Tu as péri par un frère.

ISMÈNÈ.

Tu as tué un frère!

ANTIGONÈ.

Choses lamentables à dire!

ISMÈNÈ.

Choses lamentables à voir!

ANTIGONÈ.

Et nous sommes témoins de tels maux!

ISMÈNÈ.

Des sœurs près de leurs frères!

LE CHŒUR DES VIERGES.

Ô Moire, lamentable dispensatrice des douleurs terribles, ombre vénérable d'Oidipous, noire Érinnys, certes tu es toute-puissante!

ANTIGONÈ.

Antistrophe.

Ô malheurs horribles à voir!

ISMÈNÈ.

Je le vois ainsi revenant d'exil!

ANTIGONÈ.

Il n'a point échappé, il a tué!

ISMÈNÈ.

De retour, il a perdu la vie!

ANTIGONÈ.

Certes, il l'a perdue.

ISMÈNÈ.

Et il a privé son frère de la vie!

ANTIGONÈ.

Misérable race!

ISMÈNÈ.

Accablée de tant de maux!

ANTIGONÈ.

Double malheur lamentable de deux frères!

ISMÈNÈ.

Maux violents et lamentables!

ANTIGONÈ.

Tristes à dire!

ISMÈNÈ.

Tristes à voir!

LE CHŒUR DES VIERGES.

Ô Moire, lamentable dispensatrice des douleurs terribles, ombre vénérable d'Oidipous, noire Érinnys, certes, tu es toute-puissante!

ANTIGONÈ.

Toi, tu l'as connue en subissant cette destinée.

ISMÈNÈ.

Toi, plus tard, tu l'as éprouvée.

ANTIGONÈ.

Quand tu revins dans la ville.

ISMÈNÈ.

Armé de la lance contre lui!

ANTIGONÈ.

Chose lamentables à dire!

ISMÈNÈ.

Lamentables à voir!

ANTIGONÈ.

Ô malheur!

ISMÈNÈ.

Ô misère!

ANTIGONÈ.

De notre race et de cette terre!

ISMÈNÈ.

Pour moi, avant tous!

ANTIGONÈ.

Hélas! pour moi plus encore!

ISMÈNÈ.

Hélas! Cause de ces maux lamentables, roi Étéoklès!

ANTIGONÈ.

Ô les plus malheureux et les plus insensés de tous les hommes!

ISMÈNÈ.

Hélas! où les ensevelir?

ANTIGONÈ.

Hélas! au lieu le plus honorable.

ISMÈNÈ.

Hélas! leur misère sera réunie à leur père.

LE HÉRAUT.

Il me faut annoncer ce qu'ont voulu et décrété les chefs du peuple de cette ville de Kadmos. Il leur plaît qu'Étéoklès, à cause de son amour pour la patrie, soit enseveli dans cette terre vénérée. Il a reçu la mort en repoussant l'ennemi de la ville. Irréprochablement dévoué aux dieux de ses pères, il est tombé là où il est beau aux jeunes hommes de tomber. Voilà ce qu'on m'a ordonné de vous dire. Maintenant, il leur plaît que le cadavre de son frère Polyneikès soit jeté hors la ville, sans sépulture et livré aux chiens, car il eût dévasté la terre des Kadméiones si un dieu ne se fût opposé à sa lance. Mort, il gardera cette souillure. Malgré les dieux paternels, il leur a fait cet outrage d'avoir voulu s'emparer de la ville en menant contre elle une armée étrangère. C'est pourquoi, en châtiment de son crime, les oiseaux carnassiers seront son immonde tombeau. Il n'y aura point de libations versées sur ses cendres, ni gémissements, ni lamentations sacrées, et il sera privé du cortége de ses amis, ce funèbre honneur. Telle est la volonté des chefs Kadméiones.